La naissance du RACB Driver of The Year

Driver of The Year
C'est François Duval qui gagne en 2004 le tout premier RACB Driver of The Year! Il avançait Bas Leinders, alors en F1 chez Minardi, et Larry Cols, pilote en rallye. On absence de François c'était le père René Duval qui prenait en mains le dessin magique de Clovis. Photo © Jacques Letihon

Depuis 2004, c’était le résultat d’un système de vote à deux tours, avec un jury composé de membres de la presse spécialisée, qui décidait de l’issue de ce qu’on appelle le trophée du ‘Driver of the Year’. Dans un passé pas si lointain, le jury d’honneur ne se réunissait qu’une seule fois. Il était alors composé de membres du RACB, de la CSN d’alors (devenue RACB Sport), et de quelques journalistes, et c’est lui qui décidait assez subjectivement le nom du ‘Champion de Belgique des Conducteurs’ (rien que le titre…) à partir d’une liste proposée par le RACB !

Patrick Snijers en action en Championnat d’Europe des Rallyes en 1986: deux victoires et le titre de vice-champion. Photo Willy Weyens

Comparer des pommes et des poires ? En 1986, le jury d’honneur avait jugé les prestations de Patrick Snijers dans le championnat d’Europe des rallyes – deux victoires et titre de vice-champion – plus importantes que celle de Boutsen lors de sa quatrième saison en Formule 1 ! Et que dire d’Eric van de Poele ? Il décrochait en 1990 trois victoires en Formule 3000, mais pour le jury, le triomphe de Thierry Boutsen lors du Grand Prix de Hongrie avait été plus important. Il y eut également la perte d’une victoire quasiment acquise pour un pilote belge lors d’un certain Tour de Corse 1995. Si le système de points actuels avait été appliqué, Bruno Thiry aurait figuré bien plus haut dans la hiérarchie lors du premier tour du suffrage, mais lorsque le jury d’alors s’était réuni fin novembre, il n’avait d’yeux que pour l’unique victoire de Marc Goossens en F3000. 

Eric VDP décrochait trois victoires en Formule 3000, mais le triomphe de Thierry Boutsen lors du Grand Prix de Hongrie avait été plus important. Photo LeasePlan

Et le pilote de Geel avait eu la chance cette année-là de prendre part aux 24 Heures de Zolder ! Pardon ? Le jury d’honneur n’était pas lié à un règlement concret. Seuls quelques critères particuliers étaient pris en compte, comme ‘le meilleur ambassadeur belge’ ou ‘un champion en rallye ou en circuit ne faisait pas nécessairement la différence, car il avait déjà été célébré pour ses prestations nationales’ ! Dans la bible du sport automobile belge, une seule règle comptait réellement : le Champion de Belgique des Conducteurs/Belgische Kampioen der Bestuurders devait posséder une licence du RACB. Et comme Goossens avait évolué tout au long de la saison avec une licence anglaise, l’ultime tour de l’élection s’en était trouvé bloqué ! Bob Feyfer, alors président du VAS et membre du jury d’honneur, démontrait qu’il était très fort dans l’interprétation des règlements : Goossens avait reçu une licence du VAS pour pouvoir prendre part à la classique de l’endurance sur le Circuit de Zolder – à l’époque une course régionale – et comme le VAS et son pendant francophone l’ASAF géraient le sport auto régional sous l’égide du RACB, il avait été décidé que le ‘Briton’ Goossens satisfaisait bien au règlement ! 

Marc Goossens, pilote F3000, deux fois Champion de Belgique des Conducteurs. Photo Astromega

Ce même Goossens obtenait de nouveau les faveurs du jury après une troisième saison (et deux victoires) en F3000, car Freddy Loix, qui avait effectué de tonitruants débuts en WRC au volant de la Celica GT-Four… n’avait pas encore gagné d’épreuve ! Des pommes et des poires…

C’était encore une fois le mode de fonctionnement du jury d’honneur – où il n’y avait initialement que deux journalistes, Christian Lahaye et l’auteur de ces lignes – au sujet des prestations de Goossens et Loix qui a abouti en 1996 à un verdict totalement différent dans La Dernière Heure / Les Sports. Les prestations de Loix y avaient été davantage valorisées que les deux victoires de Goossens. Soit. La question était alors de savoir quel avait réellement été le ‘meilleur pilote belge’…

Freddy Loix et Sven Smeets avec la Toyota Celica GT-Four: pour La DH Loix méritait plus le titre que Marc Goossens… Photo Marlboro Press

Cette discussion m’a incité en 1997, alors que j’étais rédacteur en chef de la partie néerlandophone de Turbo Magazine, à rédiger un édito à ce sujet sous le titre assez parlant ‘Des souliers d’or pour Freddy Loix’, dans lequel j’ai lancé l’idée, selon l’exemple de la fédération nationale de football avec son ‘Soulier d’Or’, d’un vote à deux tours, et donc une double attribution de points : à la moitié de la saison et en fin d’année…

Au moment où j’ai quitté Kronos Racing/Peugeot pour effectuer mon retour rue d’Arlon, et que, fin 2003, j’ai retrouvé une place dans le jury d’honneur, il se fait que rien n’avait encore évolué quant à l’attribution de ces prix. Le jury avait peut-être été élargi en intégrant les journalistes spécialisés les plus influents, mais la manière de travailler restait identique : le jury d’honneur décidait toujours en un seul tour du nom du Champion de Belgique, et cela a abouti cette année-là à un choix tout sauf unanime. Thiry était champion d’Europe, tandis que Duval signait deux podiums en championnat du monde et six meilleurs chronos, ayant même occupé la tête du classement en Corse. Le vote tournait à l’avantage de Thiry, ce qui signifie que le nom de Duval n’apparaissait nulle part au palmarès… 

Edito dans Turbo Magazine sous “Des souliers d’or pour Freddy Loix”

Le temps était donc venu de repenser le concept selon le modus operandi du ‘Soulier d’Or’. Après de fréquentes consultations avec les principaux médias – le défunt restaurant bruxellois Le Stelle était toujours le témoin silencieux – et la rédaction d’un règlement presque étanche, le système de vote à deux tours a été adopté en 2004 : un premier vote à la mi-juillet et un tour final à la fin du mois de novembre. Seuls les médias spécialisés pouvaient donc transmettre à deux reprises leur Top 15 belge, et en additionnant tous les points, on obtenait ce qui allait s’appeler le ‘Driver of the Year’. Depuis lors, le système a été légèrement adapté, mais ce sont toujours ces points qui décident du titre ou de la défaite !   

Pour le Driver 2024, on efface tout et en recommence…