Quand j’ai appris le décès de Jean-Luc Thérier, j’ai automatiquement repensé à mes premiers contacts en sport auto. Un peu… beaucoup ’’branché’’, je cherchais des magazines spécialisés et comme je n’aimais pas l’allemand, j’ai découvert dans une librairie la revue française Echappement.
Elle ne racontait pas seulement des courses mais proposait aussi des reportages inédits comme ‘‘les mécaniciens’’, ‘’vous les avez remarqués’’ sur des pilotes pas (encore) connus – Thierry Sabine, professionnel à 22 ans – ou ‘’comment préparer une voiture de course’’ sans oublier une grande interview qui prendra plus tard le titre de ‘Intégralement vôtre…” ; et dans le numéro 44 en ’72, Jean-Luc Thérier était à l’honneur via ses propos repris par le célèbre Pierre Pagani.
Dix ans plus tard, l’esprit d’Echappement était une sorte de guide dans la confection et la naissance d’Auto & Sport (1982-1990), l’unique magazine mensuel flamand avec, entre autres, chaque fois une longue interview (Le Privé), des reportages ‘‘dans les coulisses’’ ou encore ‘‘les amateurs qui parlent’’.
Oui, Echappement était ma bible!
Le prix d’Echappement en 1972? En euro, cela ferait 1,24 €. Afin de payer chaque mois cette ‘bible’, je gardais l’argent que ma mère me donnait pour payer mon tram et… je faisais le trajet gare d’Anvers-école à pied ; ainsi, je passais automatiquent devant la librairie de la Pelikaanstraat! C’est grâce à Echappement et à mon envie d’en comprendre les textes que j’ai amélioré mon français. Ah pas de doute, le sport auto reste une… école de vie!
Je n’ai jamais eu l’occasion de vraiment parler avec Jean-Luc Thérier, pas plus qu’avec ses collègues chez Alpine, Jean-Pierre Nicolas et Jean-Claude Andruet. Toutefois, quand ce dernier a piloté plus tard pour Joosen Racing/Juma, je lui ai été présenté par Dirk Vermeersch et beaucoup plus tard, Jean-Pierre Nicolas fut mon contact chez Eurosport lorsque j’étais en charge du petit programme en IRC avec la Honda Civic Type R. Mais je me rappele bien la présence de Thérier au 24 Heures de Spa 1980. De nombreux Français – que j’avais auparavant découvert via… Echappement – figuraient parmi les engagés, notamment Claude Ballot Lena, Lucien Guitteny, Alain Cudini, Bernard Béguin et Guy Fréquelin, qui faisait équipe avec ses illustres compatriotes Jacques Laffite et Didier Pironi sur une BMW Gitanes ; quant à Jean-Luc Thérier, il partageait une Capri du Team Willeme – l’équipe du richissime belge Marcel Willeme – avec Jean-Pierre Jaussaud et a fini bon 10ème d’une épreuve ayant vu les frères Martin décrocher la victoire au volant de la Capri Belga après un beau match contre la BMW Juma de Eddy Joosen-Pierre Dieudonné-Dirk Vermeersch…
“J’ai découvert le nom de Jacques Cheinisse, l’ex-directeur sportif de cette équipe magique et à ce moment responsable du produit! C’était une occasion rêvée pour un journaliste sportif de parler d’Alpine et des Mousquetaires!”
Cette belle époque de l’équipe Alpine, je l’ai donc seulement connue à travers des magazines. Grande fut ma surprise dans les années ’80 à l’occasion d’un voyage de presse/présentation de Renault en Grèce – je ne me rappelle plus le modèle – lorsque dans la liste des gens de chez Renault, j’ai découvert le nom de Jacques Cheinisse, l’ex-directeur sportif de cette équipe magique et à ce moment responsable du produit! C’était une occasion rêvée pour un journaliste sportif de parler d’Alpine et des Mousquetaires mais je me rappelle que Cheinisse n’aimait pas trop évoquer la fin du service compétition Alpine (l’entité Renault Sport remplacera tout en ‘76).
Sous sa direction pourtant, la marque avait conquis le premier titre mondial des constructeurs en rallye en ’73 (grâce notamment à Jean-Luc Thérier) mais s’était aussi imposée aux championnats d’Europe par équipe de Formule 3 (avec Michel Leclère et Alain Serpaggi) en ’72 et des marques Sport-Proto 2 litres (avec la A441) en ’74, avant de décrocher la médaille de bronze dans la joute mondiale des rallyes avec la berlinette A110 1800 en ‘75!
Je dédie ce texte à Jean-Luc Thérier et ses proches.